fait un petit somme. La faim et surtout la soif rendent cette attente très difficile. Je me demande comment Énavila peut bien tenir, depuis plus de deux jours qu'elle attend ici sans rien boire ni manger. Il semble que les bestioles se sont un peu calmé, on les entends toujours tourné autour du vaisseau, mais leur véhémence est moindre. Le jour commence à décliner, enfin...
Si seulement nous avions un récipient, je pourrais peut-être tenter d'aller à la rivière et ramener de l'eau.
Encore quelques heures, je n'en peux plus coincé dans ce caisson ! Il va falloir que je sorte ! Le jour semble bien toucher à sa fin, peut-être que ces bêtes ne traînent pas la nuit, ce serait une aubaine. J'aimerais ouvrir le caisson pour sortir, mais, je ne sais pas comment faire. Mon bracelet ne me donne pas du tout accès au vaisseau, je ne sais pas comment a fait Énavila. Je vais doucement vers elle, elle dort profondément. Je la secoue un peu, il ne faudrait pas qu'elle perde connaissance. Elle gémit :
- Soif...
- Oui, je vais tenter d'aller cherche de l'eau, mais il faudrait que tu m'ouvres le caisson.
- Soif...
Je la secoue un peu plus.
- Énavila, les bêtes sont parties, il faudrait que tu ouvres le caisson, je pourrais aller te cherche de l'eau.
- Je pourrais pas... Il faut réveiller Sarah. J'en peu plus...
- Comment fait-on ? Comment est-ce que je peux ouvrir son tube ?
Énavila reste silencieuse un instant :
- Je n'y arrive pas, c'est trop dur, il faut attendre...
Elle commence vraiment à être mal en point. Qu'est-ce que je peux bien faire, comment ouvrir ce foutu caisson, comment a-t-elle pu s'y prendre ? Je ne trouve vraiment rien dans le bracelet qui me
permette d'accéder au vaisseau, tous les accès sont interdits. Pourtant ce maudit vaisseau devrait bien se rendre compte que je suis la seule personne valide qui reste ! Je ne vais quand même pas mourir de soif enfermé ici !
Quelques heures plus tard, mon bracelet commence à sérieusement beeper sur ma déshydratation avancée. Énavila est de nouveau dans les vapes. Je me suis un peu énervé contre la porte du caisson, sans succès, j'ai retenté de me glisser par l'avant, comme le premier jour, mais rien à faire, j'ai trop peur de rester coincé ou de m'empaler sur un bout de ferraille qui dépasse.
- Il pourrait pleuvoir, merde ! Ça nous ferait un peu d'eau !
Il fait maintenant complètement nuit. Je n'entends plus signe des bêtes, elles ont du partir. C'est stressant d'être coincé là-dedans !
Erik me manque. C'est étrange. Il me manque presqu'autant que Pénoplée. Je ne l'ai presque pas quitté depuis mon départ de Melbourne, depuis mon départ de la Terre. Je crois que je me suis vraiment attaché à lui, peut-être encore plus qu'à Naoma, ou même Pénoplée. Je serais près à le prendre dans mes bras, à le serrer contre moi. C'est sans doute une forme d'amour, une forme d'attachement, voire même de dépendance, qui dépasse un peu le cadre purement basique de l'attirance sexuelle. C'est peut-être ce type d'amour qui conduit, parfois, à l'homosexualité, quand, finalement, ce n'est plus tellement le sexe qui compte, mais l'amour.
Difficile de savoir ce qui me manque le plus, la Terre, Deborah, Erik, Pénoplée, Naoma, ma famille, mes amis, Mandrake... Je suis tellement perdu...
Je somnole, je dors un peu, peut-être beaucoup, mon bracelet est affolé, je n'y prête même plus attention. Plusieurs heures passent, toujours aucun signe de Sarah ou d'Énavila. Je vais mourir ici ? C'est trop bête, pas maintenant, pas si loin, pas sans savoir, pas sans être retourné sur la Terre, une fois, au moins...