la tête aux pieds. J'ai même une paire de sandales cassées réparées avec une ficelle. Certes, le tout n'est pas des plus assortis, mais qu'importe, cette tenue ne changera pas trop de mes habitudes vestimentaires classiques de toute manière. Je range précieusement ma pierre dans la poche que je juge la plus sûre. Ensuite nous déjeunons tous ensemble, il est une heure et demie passées de l'après-midi. Ils me proposent de m'accompagner à l'ambassade. Pour trouver l'adresse nous passons dans un cybercafé. J'en profite pour envoyer quelques mails de façon à donner des nouvelles. J'ai reçu plusieurs mails de Deborah, elle était rentrée sans encombre chez elle, mais s'inquiète pour moi. Je tente de lui répondre en racontant les grandes lignes de ce qui m'est arrivé. Je ne veux pas abuser de la gentillesse de mes quatre compagnons qui me payent la place, je tente de faire vite. Je reçois et donne des nouvelles au plus de personnes que je peux, en envoyant un mail récapitulatif à la plupart que je connais. Je ne cache rien. Je dis clairement que je suis dans une situation délicate, que plusieurs personnes ont tenté de me tuer, et que je ne suis pas persuadé de rentrer un jour en France en état. Je suis cependant étonné que certaines personnes comme Guillaume ou Fabrice, à qui j'avais déjà écrit de Raleigh semblent ne pas avoir reçu mes précédents messages, au vu des questions qu'ils posent. Une fois mon courrier terminé, je vérifie l'adresse de l'ambassade, qui est en fait un consulat. Je ne saurais trop dire la différence, toujours est-il qu'il se trouve dans le centre de Sydney, Market Street. Ce n'est pas très loin d'ici, il doit se trouver à environ deux kilomètres, mais vu ma cheville, mes amis conseillent de chercher un bus qui passe par là-bas.
Nous ressortons en direction de l'arrêt de bus le plus proche de manière à trouver une carte des différentes lignes. Ils m'aident à marcher, et j'essaie de ne pas poser le pied par terre. Ils me convainquent d'aller voir un médecin après mon passage au consulat, ne serait-ce que pour vérifier que c'est juste une entorse et que les ligaments ou les os n'ont pas trop souffert. Pendant le trajet, ils continuent à me poser des questions sur mes aventures. Je profite de leur présence pour réfléchir avec eux sur les différentes possibilités quant à une explication. Parmi les idées de complot généralisé, autres guerres entre services secrets, histoire de Templiers et j'en passe, Fabienne a une suggestion. Elle connaît plusieurs personnes dans la presse grand public, de par son travail, du type VSD et autres
Gala. Et mon histoire pourrait être le genre d'aventures extraordinaires qui les intéresse. Elle m'assure envoyer, si cela ne me dérange pas, quelques détails de mon cas ainsi que mes coordonnées à une de ses amies, de manière à ce qu'elle organise une entrevue à mon retour en France. Elle pense en effet que cette exposition, comme on l'apprend dans tous les films américains, permettra au moins de rendre la tâche de mes poursuivants beaucoup plus compliquée. Je ne dis pas non, même si je reste dubitatif. Je n'en reste pas moins assez peu avancé quant à mes interrogations.
Nous arrivons au consulat un peu avant 16 heures. Manque de chance, il n'est ouvert au public que de 9 heures à 13 heures. J'insiste lourdement auprès du gardien pour le convaincre d'aller vérifier que je suis François Aulleri, porté disparu depuis une semaine ou deux, et que je devais rencontrer une personne du consulat ce matin, mais que j'ai eu un empêchement. La négociation est âpre, surtout que mes camarades et compatriotes s'énervent un peu eux aussi contre lui, ce qui n'accélère pas les choses ; mais j'ai gain de cause et il va vérifier. Il revient une quinzaine de minutes plus tard et m'invite à le suivre. Nous convenons, Steve, les autres et moi, qu'ils repassent devant le consulat dans deux heures, le temps qu'ils aillent se promener un peu en centre ville. Si je m'y trouve, tant mieux, sinon nous nous reverrons à leur hôtel dont ils me laissent l'adresse, ou en France plus tard si je parviens à partir dès ce soir. Nous échangeons nos adresses électroniques, je les remercie pour tout, nous nous souhaitons bonne chance, et le gardien me précède vers les bâtiments.
Il m'indique alors l'accueil, qui m'invite à me rendre dans une salle d'attente où une personne viendra me chercher. J'y patiente plus d'une demi-heure, retrouvant avec plaisir quelques exemplaires de journaux et magazines français. Un homme vient me quérir alors que je me remettais au goût du jour des événements des deux dernières semaines.
Il n'est pas très bavard, c'est un grand type qui a plus l'allure d'un garde du corps que d'un assistant. Il a l'air un peu essouflé, mais sur le coup je n'y fais pas plus attention. Il m'explique que nous devons sortir du présent bâtiment pour nous rendre au bureau des rapatriements. Je suis étonné qu'il ne parle pas français. Mais après tout peut-être me conduit-il juste à un bureau,