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voulait pas qu'il pense à autre chose qu'elle. Il comprit aussi que cette femme était une chance et que chaque instant passé en sa compagnie à penser à autre chose était une erreur, une perte, du gâchis...

- Je reste, ne vous inquiétez pas.

Il se rapprocha d'elle.

- Comment va notre petite Sarah ?

- Très bien, Maroufasse m'aide beaucoup, j'avoue que l'apport des artificiels est appréciable, je suis parfois un peu perdue.

- Il faut savoir les contrôler, mais leur aide est immense. D'après eux il n'est pas nécessaire de donner un compagnon avant les six mois de Sarah, mais ensuite ce sera un moyen d'accélérer son éveil, sa capacité d'apprentissage, et sa socialisation.

- Ces jouets me font un peu peur, mais c'est indéniable que leurs apports sont impressionnants. J'avais joué il y a quelques années avec le jeune fils de Gagarou, qui n'a qu'un peu plus de 3 ans (2 ans d'Adama), il y avait aussi la petite fille de Marlyne, qui est élevée à la méthode plus traditionnelle, qui a pourtant déjà presque 5 ans (3 ans d'Adama), et bien j'avais presque une discussion construite avec le petit, alors que la fille se perdait sans cesse dans ses pensées.

- Certains jeunes sont plus doués que d'autres.

- Certes, mais la différence m'a tellement frappé que j'ai juger qu'une précocité n'était pas suffisante pour l'expliquer.

- Les parents ont beaucoup à jouer, aussi.

- C'est bien ce qui m'inquiète, Teegoosh.

- Je prendrai du temps pour ma fille, et pour vous. Actuellement les choses sont toutefois un peu complexe, mais j'aurais sans doute plus de temps bientôt.

- Ne vous leurrez pas, Teegoosh, vous aurez de moins en moins de

temps, si vous ne savez pas prendre du temps maintenant, vous ne le saurez jamais.

- Voudriez-vous que je reste avec vous tout le temps ?

- Je comprends qu'il soit important, dans cette période charnière, de garder le pied dans l'activité politique de Ève, mais éduquer et comprendre la psychologie de Sarah doit aussi être une priorité pour vous. Cela vous apportera beaucoup sur la connaissance et la compréhension des hommes.

Teegoosh savait que Mélinawahasa avait raison, et il savait aussi qu'il était trop pressé. Il aurait déjà voulu que Yarnavasol le prît dans son équipe, mais il n'était encore rien, et passer même deux ans auprès de Mélinawahasa et Sarah ne serait pas catastrophique pour sa carrière. Il réfléchit un peu et se dit qu'il pourrait s'imposer de passer un sixième sur deux avec elles. Il préféra toutefois ne rien promettre, sachant très bien qu'une fois de nouveau dans le feu de l'action, il aurait bien du mal à le quitter.

Il était tôt mais Mélinawahasa s'endormait doucement. Elle était très fatiguée. Maroufasse l'aidait beaucoup, mais elle passait beaucoup de temps auprès de sa petite fille, et négligeait un peu de prendre soin d'elle. Elle rêva d'Érimagel, elle rêva de sa fuite, du noir, de l'ombre, du froid, de la mort. Comme chaque nuit, finalement.

Sarah rêva aussi, de couleur, d'odeur, de la voix de son père. Elle se réveilla dans la nuit, elle avait mal au ventre. Maroufasse lui fit sécréter un peu de morphine et elle se rendormit. La douleur n'était que passagère et elle aurait réveillé Mélinawahasa pour bien peu. Maroufasse prenait autant soin de la mère que de la fille, le tout était une symbiose, et il ne fallait négliger aucun des éléments. Il se dit après coup qu'il aurait pu réveiller Teegoosh, juste pour lui faire consoler sa fille, et enregistra dans ces petites cellules artificielles d'agir ainsi à la prochaine occasion. Occasion qui ne se présenta qu'au petit matin, quand il réveilla Teegoosh une minute et quinze secondes seulement (un petit sixième de trente-sixième) avant qu'il ne prédise le réveil de Sarah.

Teegoosh avait accepté de laisser Maroufasse interagir avec lui