Mouffetard, dans le cinquième]], à mon avis tu trouverais des choses.
Thomas acquiesça de la tête, Stéphane baissa ses yeux sur ses menottes et reprit son histoire :
- J'aurais mieux fait d'y aller à ce moment là. Car de toutes façons Mathieu Tournalet avait sa voiture à proximité, la mienne était dans le septième. Bref je l'ai perdu, et je suis reparti direct en direction de Chartres, en espérant que ce soit aussi sa destination. Mais, il a dû me repérer à un moment ou à un autre, parce que peu après que je sois arrivé et que je me sois de nouveau posté dans le bois en face de chez lui, son majordome est venu directement me chercher.
- Il y avait peut-être des caméras.
- Oui c'est possible, même si je n'en ai vu aucune. Le majordome m'a proposé de rentrer dans la résidence plutôt que de rester seul allongé dehors. J'étais repéré, je ne savais pas vraiment que faire. Je l'ai suivi, espérant je ne sais quoi, des aveux ou au moins en apprendre un peu plus, je n'aurais pas dû. Ils n'ont pas eu beaucoup de mal à m'endormir, j'ai bu leur thé sans me méfier, c'était mercredi matin très tôt vers une heure du matin, juste après que Mathieu Tournalet m'ait dit qu'il n'avait pas tué Seth. Je me suis réveillé les menottes aux poignets et avec une grosse bosse il y a environ trois heures...
Stéphane s'interrompit un instant, le silence se fit, laissant juste les gyrophares leur éclairer par intermittences le visage. Thomas ne dit rien. Stéphane se tourna vers Thomas :
- Voilà. C'est pas très glorieux mais c'est ce qu'il s'est passé... Tu me crois ?
Thomas, qui regardait dehors, ne se retourna pas vers Stéphane :
- Oui, je te crois.
Que pouvait-il dire d'autre, et comment pouvait-il faire autrement ?
- Merci.
Stéphane se tut un instant, puis il dit d'une voix hésitante :
- La seule personne qui peut témoigner, désormais, c'est le majordome... Je ne te demande rien, je me suis mis dans la merde tout seul. Je savais que ça pouvait mal finir. Je ne pensais pas tomber aussi bas, mais bon, je n'ai rien fait de mal, et je ne regrette pas, quand on deale avec des salauds il faut s'attendre au pire. Si jamais tu vas à cette maison, rue Mouffetard, dis-moi ce que tu y trouves, la clé du mystère est peut-être là-bas... Désolé de te laisser seul, Thomas...
Thomas eut envie de pleurer. Il ne put pas rester beaucoup plus longtemps dans la voiture.
- C'est pas de ta faute, Stéphane, c'est la mienne, tout est de ma faute...
Il sortit sans attendre de réponse, il ne voulait surtout pas entendre de réponse. Il s'éloigna de la voiture, le commissaire vint vers lui.
- Comment va-t-il ?
- Ça va.
Des policiers s'approchèrent du commissaire, et lui demandèrent s'ils pouvaient partir. Il leur donna l'autorisation, et quelques minutes plus tard la voiture avec Stéphane à l'arrière s'éloignait sur l'allée.
Le commissaire se retourna vers Thomas, la dernière chose qu'il lui dit fut :
- Vous savez, Thomas, je me dis que si c'était vous qui aviez fait cela, nous aurions pu peut-être réouvrir cette affaire, et vous vous en seriez tiré avec un crime passionnel. L'opinion aurait été de votre côté contre ce salaud... Vous en auriez eu peut-être pour cinq ans, trois ans au mieux.... Stéphane en aura pour quinze au minimum...
Thomas ne dit rien. Le commissaire lui dit qu'il pouvait partir, qu'il rentrerait avec le procureur. Il lui dit que de toute façon il donnerait l'affaire à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui connaissait moins Stéphane. Il lui dit aussi qu'il pouvait prendre quelques jours,