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Je marche longtemps, très longtemps, beaucoup plus longtemps que mes maigres souvenirs ne peuvent m'occuper. Je dois gravir plusieurs escaliers, traverser de nombreuses portes. Je n'ai pas la notion du temps qui passe, mais je dois marcher peut-être deux heures, ou le double. Je suis bloqué une première fois par une lourde porte. Mais avec de l'obstination je parviens à l'ouvrir. Une deuxième puis une troisième m'arrêtent encore sans doute une vingtaine de minutes chacune.

Jusqu'à ce que j'arrive à celle-ci. La porte précédente avait tout l'air d'un sas, une lourde porte ronde avec un volant rouillé pour l'ouvrir. Les deux qui avaient précédées étaient elle très lourdes, rouillées et difficiles à ouvrir, mais celle-ci n'a aucune prise. La faim et la soif commence à me tirailler avec insistance, et je ne me fais pas à l'idée de devoir faire demi-tour.

J'ai mal à la tête. Le froid sans doute me donne la migraine. Je m'assois contre la paroi un instant, après avoir tapé sans doute plus d'une demi-heure contre cette satanée ouverture. C'est plus un sas qu'une porte. Une porte blindée peut-être, condamnant l'accès à ces couloirs. J'y casserai même la lame de ma dague, en tentant d'en forcer l'ouverture par effet de levier dans le mince interstice.

Mais rien, pas moyen d'ouvrir. Finalement résigné je reviens sur mes pas en cherchant d'autres issues. Il me faut repasser les trois portes, et marcher plus d'une demi-heure, avant de trouver la première pièce. Mais elle est vide. J'inspecte par la suite quelques salles, puis, sans le moindre signe d'autre ouverture, repars plus rapidement de l'avant. Je repère plusieurs intersections qui m'avaient échappées précédemment, mais de peur de me perdre complètement, je tente dans un premier temps de revenir vers mon lieu d'arrivée. Il me faudra une bonne heure sans doute, et je commence à fatiguer quand la faible lumière s'échappant de la pièce circulaire me fait pousser un soupir de soulagement..

Soulagement tout relatif car ceci n'est pas pour autant une garantie de sortie. J'en profite pour remplacer ma dague cassée contre une nouvelle. Il me faudra ensuite sans doute plus de deux heures avant d'être de nouveau bloqué, non pas devant une porte, mais cette fois-ci devant un mur en béton. Je suis enfermé ! Je me laisse glissé

le long de la paroi, découragé.

Je m'assoupis un instant, mais le froid me réveille, et je me dis qu'attendre est la pire des choses, car je dois faire le tout pour le tout tant qu'il me reste de l'énergie. Je tente alors de défoncer le mur, mais rien n'y fait, c'est du solide. Il me faut sans doute retourner de l'autre côté, qui doit être la seul issue de cet endroit. Je ne perds pas plus de temps et me remets en route, au passage je récupère les deux épées et la dague restantes, dans l'espoir de pouvoir les utiliser pour ouvrir le sas.

Je commence à fatiguer, j'ai à la fois chaud et froid avec tous mes habits, pour peu que je bouge ou que je m'arrête. Je dois faire une pause à un moment, ma blessure au pied me fait souffrir à la longue. Je finis par arriver de nouveau en face du sas, c'est d'autant plus frustrant que dans le noir complet je ne peux même pas me rendre compte de l'allure qu'il a, ni même d'éventuelles indications sur la manière la plus adéquate pour l'ouvrir. Je passe de nouveau un long moment à tâter méticuleusement le mur.

Je tape avec le manche d'une épée, mais je n'entends qu'un bruit sourd, la paroi doit être très épaisse. Je commence à me dire que je vais mourir enfermé ici. Mon mal de tête s'amplifie, tout comme ma fatigue. Rester constamment dans le noir me mine. Je m'endors dans un coin recroquevillé sous mes deux ponchos. J'arrive pendant quelques temps à retrouver une température un peu plus clémente. Je ne saurai dire combien de temps je dors, peut-être plusieurs heures. Je me réveille dans le même noir et le même silence.

Pendant des heures, je tape sur ce sas, espérant peut-être l'avoir à la longue. J'y casse une autre épée ainsi qu'une dague. Mon mal de tête est revenu. Je dois sortir. Je ne veux pas mourir dans le noir et le froid, non, je ne veux pas ça.

Je frappe avec mes poings, mes pieds, je me lance, je pousse, mais tout ne fait que m'épuiser toujours un peu plus. Du temps passe, des heures, j'équilibre mon temps entre des acharnements sur ce sas et de courtes périodes de sommeil dans un coin. Mon mal de tête ne fait que s'amplifier, et j'ai désormais une douleur persistante à la main droite, sans doute me suis-je fait une fracture en frappant contre le