page 274 le patriarche 275

pour des raisons de sécurité. Il est question de destruction de ces cahiers, à moins que ce ne soit d'autre chose. Peut-être que d'autres cahiers écrits par des personnes différentes existaient aussi. Mais cette élimination d'indices semble malgré tout cohérente avec le fait que cette organisation veuille rester secrète avant tout, et que de tels écrits peuvent la mettre en péril. Cependant, ils ne semblent pas avoir été détruits finalement, ou pas tous. À vrai dire, c'est la raison pour laquelle je n'avais pris que les six premiers cahiers, les cinq autres marquent une cassure et ne recommencent que début 13000 aux États-Unis.

- 13000, c'est plus cohérent, cela ferait fin du dix-neuvième siècle.

- Oui, de plus le contexte semble très différent. Je ne peux malheureusement pas vous en dire beaucoup plus, il me faudrait maintenant plus de temps pour déchiffrer plus en détail.

Soudain Samuel prend la parole. Il pointe une arme sur David :

- C'est déjà beaucoup trop David. Mais pourquoi donc n'es-tu pas resté dans tes prières ? Ah, David, tu me manqueras !...

Il tire sans hésiter un coup de feu qui l'atteint en pleine poitrine. La détonation me fit sursauter et le bruit m'assourdit un instant.

Alors que nous discutions, Samuel était resté derrière à nous écouter, vérifiant sans doute ce que David savait. Dès que celui-ci eût terminé de m'expliquer ce qu'il avait déchiffré, Samuel a sorti son arme et a fait feu sur David.

Je ne suis pas vraiment sûr que l'on ait le temps de réfléchir avant de réagir dans ces cas-là. La peur, l'instinct de survie je ne sais trop, font que la seule chose que je trouve alors à faire est de courir et plonger dans le lac pour sauver ma peau. Je fais le plus d'apnée possible pour qu'il ne puisse pas me viser, je nage à me faire exploser les poumons. Stratégie qui n'est pas la plus héroïque mais elle a au moins le mérite de fonctionner car je n'entends aucun coup de feu. À moins qu'il ne me veuille vivant. De toute façon ce n'est pas très malin, après réflexion, car il va pouvoir me suivre tranquillement du bord et me cueillir à la sortie du lac quand je

serai épuisé d'avoir trop nagé. Mais c'était ça ou le risque d'une balle dans la tête, alors à choisir... Je ne l'aperçois plus quand je dois refaire surface pour respirer. Je me rassure un peu et devient plus calme. Une chance que l'eau du lac soit limpide bien que fraîche. Je nage alors plus calmement en tentant alors de me remémorer la forme de ce fichu lac. En scrutant les berges je m'aperçois que ce ne sera peut-être pas aussi facile pour Samuel d'en faire le tour, il n'y a pas vraiment de chemin pédestre qui longe la berge, principalement constituée de rochers à ce niveau...

Je me dirige finalement vers une berge qui a l'air un peu isolée après vingt bonnes minutes de nage, le froid ayant calmé ma panique et m'incitant à ne pas rester plus longtemps dans l'eau. Samuel ne semble pas se trouver dans le coin, de toute façon je me dis qu'il ne peut pas trop rester dans les parages après le coup de feu, il va sûrement partir rapidement. À moins que je ne sois plus important que ce que j'imagine. Je souffle et reprends un peu mes forces sur la berge, je n'ai vraiment pas chaud une fois trempé. Un avion de ligne survolant le parc me révèle que l'aéroport est tout près, sa hauteur de vol laissant supposer qu'il n'a décollé il n'y a que quelques minutes, voire quelques dizaines de secondes. Je devrais peut-être partir directement à l'aéroport. Je me dis que si j'ai cette idée il est fort probable que Samuel ait la même. Je pourrais y aller discrètement et essayer de le retrouver. D'un autre point de vue il serait plus sage de partir en bus à l'autre bout du monde... Il n'en reste pas moins qu'il a désormais en sa possession les cahiers, et mon sac par la même occasion. Ce n'est pas que je sois prêt à faire une nouvelle folie pour lui, mais pour le coup il contient le reste de mes dollars, et je n'ai plus que tout juste cent dollars en poche.

J'hésite, avant d'aller à l'aéroport, à retourner à l'endroit où le drame a eu lieu. Samuel doit se douter que je veuille récupérer les cahiers et mon sac, mais après les vingt bonnes minutes qui se sont écoulées l'endroit sera sûrement infesté de policiers et de monde, et il aura plus de mal à tenter quoi que ce soit, même s'il reste posté à proximité... Je retourne finalement discrètement sur le parking et constate que sa voiture n'est plus là. Je ne prends pas le risque dans un premier temps de m'approcher de l'endroit où nous avons eu notre