"Oui, mais c'est très étrange qu'ils t'aient tout de suite conduit au cachot. Ils n'ont pas été curieux, ça peut vouloir dire qu'ils ont déjà vu des hommes, ce qui seraient une bonne nouvelle."
"Ils ont peut-être vue Sarah, elle est peut-être prisonnière ici, peut-être qu'elle a perdu son bracelet."
"Mouais, ou peut-être que ce sont des simples grouillots, ils t'ont simplement recueillis sans se poser de question."
"Je ne sais pas, mais c'est étrange qu'ils n'aient pas été plus curieux, oui, même s'ils avaient déjà vu Sarah, nous sommes quand même bien différents d'eux."
"Peut-être que certains d'entre eux nous ressemblent, après tout."
"Oui, enfin ils sont quand même beaucoup plus petits et avec des plumes, mais bon."
Énavila secoue les grilles, c'est du solide. Son cachot ne doit pas faire plus de deux mètres sur un et demi. Il n'y a rien pour s'asseoir, elle devra se mettre dans les un ou deux centimètres d'eau du sol si elle veut s'allonger. Elle passe sa main le long de la paroi, c'est vraiment de la roche taillée, s'ils l'ont fait à la main ils ont dû y passer des années et des années. Il y a très peu de lumière, une torche simplement à l'arrivée des escaliers. Le cachot en face de celui d'Énavila est vide, impossible de savoir si les autres sont occupés.
Énavila finit par appeler, pour voir si quelqu'un répond. Pas de retour, elle semble seule.
"Bon, le bracelet ne détecte personne, personne ne répond, je dois être la seule vivante ici"
"Il semble, ton bracelet détecte pourtant pas mal de monde en dessus."
"Oui, il compte environ mille sept cents personnes dans le village, c'est quand même beaucoup. Mais il n'y a que des trucs de leur genre, pas d'onde mentale différentes. Il doit y avoir quelques animaux, peut-être des chiens-lézards comme on avait trouvé, mais
c'est tout. Sarah n'est sans doute pas ici, ou elle est morte."
Chien-lézard, quel dommage, j'aurais bien aimé te garder... Je ne crois pas que Sarah soit morte, pour moi elle est dans le nord, enfin dans le sud. C'est difficile de se situer sur cette planète, le bracelet est un peu fou concernant l'orientation, Nord-Sud, pour deux raisons, d'une part la planète autour de laquelle nous tournons dégage un champ électromagnétique de folie, mais vraiment de folie, genre il serait dix mille fois plus puissant que celui d'Adama, et en plus Adama tourne dans le sens inverse de la Terre. Quoique vous allez me dire qu'il n'y a pas vraiment de sens, il suffit dans l'espace de regarder de l'autre côté du plan de l'écliptique. En fait si, parce que la Terre tourne de telle façon que son jour sidéral est un peu plus petit que son jour solaire, Adama c'est la situation inverse, son jour sidéral est un peu plus grand que son jour solaire, signifiant bien qu'elle tourne dans le sens opposé à celui de la Terre. Enfin bref, avec ces histoires, impossible d'avoir un nord et un sud magnétique dans le coin.
"Bon, je vais dormir un peu, on avisera dans quelques heures, s'il ne se passe rien."
Énavila s'appuie contre le mur et rigidifie entièrement sa combinaison, de façon à pouvoir dormir sans s'allonger dans l'eau. Pendant ce temps je vais chasser un peu, et après avoir manger deux sortes de raton-laveur-oiseau-lézard, je me prépare à faire un somme moi-aussi. Je ne suis pas très rassuré seul dans la forêt, mais mon bracelet devrait m'avertir en cas de présence...
Trois heures plus tard le réveil d'Énavila me fait sursauter. Des hommes-oiseaux entourent l'entrée de son cachot et l'interpellent. L'un d'eux semblent leur chef, mais il s'adresse à un autre, qui, semble-t-il, est la pour traduire.
"Tu comprends ?"
"Chut."
Énavila tend l'oreille. Ils parlent un peu comme des perroquets, avec une voix gutturale, roque.
"Ça ressemble un peu à la langue de la Congrégation, mais je ne