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amis, de mes parents. Il n'y a que quelques jours que je suis parti, pourtant...

Elle est ravie par les habits, et aussi par les deux immenses pizzas que j'ai rapportées. Je ne parviens à finir que la moitié de la mienne, pour son bonheur car elle engloutit l'autre moitié en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle passe le reste de la soirée devant la télé ou à me raconter sa vie, puis sombre rapidement dans un profond sommeil.

C'est elle qui me réveille le matin, jeudi 7 novembre, elle m'explique qu'elle préfère retourner dans la rue, de peur que quelqu'un ne lui pique sa place, que Dieu me bénisse et d'autres remerciements chaleureux. Je me sens pourtant coupable de ne pas les mériter, ou de ne pouvoir faire plus, cet argent ne m'appartenant pas.

Je me recouche quelques instants, sommeille une petite heure puis me lève et pars faire mon footing matinal. Ensuite je pars à la recherche d'une banque. J'ai dans l'idée d'ouvrir un compte pour Margareth. Il est possible qu'il soit plus sage que je garde cet argent en vue des prochains tracas que je ne vais sans doute pas manquer d'avoir, mais je saurai bien me débrouiller autrement. Une fois une banque trouvée, j'explique au banquier que j'ai gagné vingt mille dollars et que j'aimerais les placer pour qu'ils me rapportent tous les mois. L'avantage des États-Unis, c'est qu'avec de l'argent, toute procédure est simplifiée, et je ne suis même pas tracassé par le fait d'être français, à vrai dire il s'en moque. Nous discutons des détails un moment et finalement nous tombons d'accord sur une rémunération à cinq pour cent avec un pour cent réinvesti en partie et servant pour les frais de tenue de compte. Mais comme les intérêts ne seront effectifs qu'à partir de la deuxième année, je rajoute mille dollars représentant aussi à peu près quatre-vingts dollars par mois pour la première année. Tout cela fonctionnant avec une carte de retrait au distributeur de la banque, je suis étonné de voir une carte à puce, je croyais qu'ils ne les utilisaient pas aux États-Unis. Je retourne en direction de l'hôtel et rejoins Margareth. Je lui explique le tout.

- Voilà Margareth, avec cette carte, vous pourrez retirer environ quatre-vingts dollars tous les mois. Retenez bien le code, tenez voilà il est marqué sur ce papier. Utilisez cet argent à profit,

vous pourrez vous payer un bon repas et de nouveaux habits de temps en temps. Vous aurez cet argent tous les mois, à partir de maintenant et sans limite de temps.

- Mais... Merci, mais je ne le veux pas, c'est votre argent, il est à vous, ne vous inquiétez pas pour moi, je m'en sors, c'est déjà beaucoup ce que vous avez fait, les habits et tout.

- Ne vous en faites pas pas, Margareth, ce n'est même pas mon argent, je l'ai trouvé, et il vous sera plus utile qu'à moi. De plus dans dix ans, si vous le désirez, vous pourrez retirer la totalité de la somme, cela représente vingt mille dollars.

Je lui répète et explique comment marche le compte, nous allons faire un essai au distributeur où elle retire cinquante dollars. Après cet épisode je repars de nouveau vers le temple pour retrouver David, j'espère qu'il aura progressé, il ne me reste plus beaucoup de jours si je veux être à L.A. pour dimanche. Je m'y rends comme d'habitude en trottinant. Subitement, alors que je ne suis plus qu'à quelques dizaines de mètres du temple, un homme court à mes côté et m'arrête, je crois d'abord à une agression et fais un bond en arrière. Mais la confusion est vite effacée quand il dit qu'il est un ami de David. Il m'explique que je dois le suivre pour rejoindre ce dernier, car des événements l'obligent à me donner rendez-vous hors du temple. L'homme me précise qu'il va me conduire en voiture jusqu'à lui. Je reste sur mes gardes, m'étant déjà fait embobiner plus d'une fois jusqu'à présent, et lui demande pourquoi je devrais le croire. Il me répond que David, pour que je gagne sa confiance, lui a dit de dire que selon lui quelques écarts aux liens sacrés du mariage ne sont pas de si graves choses. Je me laisse convaincre par ce message, et décide de lui faire confiance. Je prends donc la suite de l'ami de David qui s'est présenté comme étant Samuel quelque chose, petit homme un peu grassouillet mais assez sûr de lui semblerait-il, déjà âgé, la cinquantaine, peut-être plus. Sa voiture est garée un peu plus loin. Je rajoute à sa fiche signalétique qu'il doit être fortuné, car en effet sa voiture est une Dodge Viper, une voiture de course de luxe. Je ne sais pas vraiment combien une voiture de ce type peut coûter, mais j'imagine que ce n'est pas une bouchée de pain, même ici aux États-Unis. J'ai au moins la satisfaction que les méchants devront courir un peu pour nous rattraper !