page 14 le patriarche 15

rien.

- Tu vois Billy ce soir ?

- Théoriquement.

Elle se leva pour débarrasser les deux assiettes. Son père resta pensif un instant.

- Tu sais si tu ne veux pas faire ta vie avec lui... Enfin... On peut s'arranger autrement avec Ted... Et... Après tout on s'en sort déjà pas si mal aujourd'hui...

Deborah détestait souvent son père, mais si elle l'aimait finalement tellement, c'était à cause de moments comme celui-ci, ou comme quand il avait renvoyé Ted avec son fusil alors que celui-ci tenter de lever la main sur elle. Elle se rapprocha de lui, se pencha sur sa chaise par derrière et enlaça ses bras autour de son coup pour l'embrasser sur la joue.

- Je sais papa, mais ne t'inquiète pas, moi-aussi j'ai un peu d'ambition. Tu sais ce que je pense de Billy, c'est juste que je dois rencontrer les gars pour le Maïs cette après-midi et qu'à chaque fois ils me prennent la tête. En plus après j'ai dit à John que j'irai lui montrer pour le réservoir.

- Tu peux voir Billy un autre jour.

Elle se releva.

- Oh il ne vaut mieux pas, voilà déjà deux semaines que je ne l'ai pas vu, il me ferait sans doute une crise si je reportais encore.

Son père se leva aussi :

- Je vais ramener le Ford à Bryan cette après-midi, ça fait trois mois que je dois le faire, et l'automne approche, autant que ce soit fait, j'irai voir pour l'enclos des chevaux demain, ça ne presse pas tant que ça.

- Oui, de toute façon il est parti pour faire beau pendant encore pas mal de jours. D'ailleurs il faudrait plutôt qu'on s'occupe de trouver pourquoi le débit de la pompe est si faible du côté Sud.

- Ah oui, ben je peux y passer cette après-midi et... Non non je vais vraiment mener le Ford, j'irai voir pour la pompe demain matin ; ou je demanderai à quelqu'un d'y aller.

- Le mieux serait que tu y ailles avec Pedro, c'est lui qui avait réparé l'ancienne, il y a trois ans.

Ils parlèrent encore un moment du travail leur restant à effectuer, pas tellement qu'ils avaient des choses à mettre au point, plus qu'ils trouvaient là un moyen de rester un peu ensemble, attendant patiemment le moment où ils pourraient avoir la chance de dire ce qu'ils avaient sur le coeur, dire qu'ils s'aimaient, dire, aussi, que finalement ils étaient heureux, et qu'ils n'avaient pas forcément envie que les choses changeassent, même si elles avaient déjà changées, depuis qu'il était venu troublé leur équilibre.

Deborah jeta encore un coup d'oeil à la carte, intriguée de ce qu'avait bien voulu lui dire son amie Naoma, dans l'hypothèse où ce fut bien elle qui lui avait écrit, ce dont elle doutait encore.

L'après-midi fut comme elle l'avait prévue, fastidieuse, et elle rentra à 19 heures 30 exténuée, avec une seule envie, celle de se coucher. Mais Billy l'avait déjà appelé deux fois dans la journée, pour être bien sûr qu'ils se verraient, habitué sans doute à ses défilement de dernière minute. Il allait passer à 20 heures, elle avait juste le temps de prendre une douche et de s'habiller.

Elle fit durer la douche et Billy sonna alors qu'elle y était toujours, mais après tout c'est le propre des femmes de se faire désirer. Elle ne se sentait pas femme toutefois, pas encore vraiment. Elle ne le voulait peut-être pas, préférant l'insouciance de la petite fille qu'elle avait toujours été vivant encore avec son père. Sa mère était partie il y a bien longtemps, Deborah n'avait que cinq ans alors. Elle la revoyait une fois tous les un ou deux ans, quand l'une ou l'autre faisait l'effort de se déplacer. Sa mère était partie avec son nouveau mari dans le Winsconsin, pas la porte à côté.

Elle ne connaissait pas vraiment sa mère, mais elle savait qu'elle lui en voulait d'avoir quitter son père, même si elle aurait