- "Chalet" ? C'est un nom de ton monde ?
- Oui, de ma langue plus précisément, car Erik et moi n'avons pas la même langue maternelle, en "Français", la "France" étant le nom du "pays", je ne sais pas comment dire ça, d'où je viens, "chalet" veut dire chalet.
- Votre monde est divisé en plusieurs petites parties appelées "pays" ? À quoi cela vous sert-il ? Et ce n'est pas un peu compliqué que vous parliez des langues différentes ? C'est pour vous forcer à apprendre plusieurs langues de la même façon que nous obligeons les enfants à le faire ?
Je souris à la remarque de Pénoplée :
- Hum, et bien ce n'est pas vraiment voulu, il se trouve que chaque peuple s'est structuré de lui-même en petit groupe avec ses propres coutumes et langages, et que par la suite ces groupes donnèrent naissance à la notion de pays, et que nous sommes toujours dans cette phase. Toutefois il est à prévoir que cette subdivision devienne obsolète à un moment où à un autre.
Je réfléchis un instant. Depuis notre arrivée, avec Erik, nous avons beaucoup appris sur ce monde, cette Congrégation. Il nous a fallu du temps pour acquérir un niveau de langue correct, et même si nous en avions déjà parlé à maintes reprises, je n'avais jamais vraiment complètement saisi toutes nos conversations.
- Mais c'est tout de même étrange que tu ne trouves aucune information sur ma planète.
Pénoplée s'était assise confortablement dans le petit canapé, pour me regarder m'agiter dans mon nouveau petit chez moi. Elle a appris à parler plus lentement pour que je comprenne mieux. Elle garde toutefois toujours un peu cette attitude, cette façon de parler, ce recul, qui rappelle qu'elle n'a pas les vingts ans qu'on lui donnerait.
- Ce que je crois, c'est que tu viens de l'Au-Delà. Que les vaisseaux partis il y a si longtemps se sont éparpillés et que certains, peut-être, se sont posés sur des planètes accueillantes et de là leurs passagers ont fondé de nouvelles civilisations.
- Ça se tient. La Terre serait une des planètes où sont atterris les hommes de l'Au-delà, et ils auraient alors créé les bases d'une nouvelle société. Plus précisément une partie de ces hommes seraient toujours présents sur Terre grâce aux téléporteurs qui maintenaient leur jeunesse. Ça expliquerait pourquoi les gens appartenant à ce que j'appelais l'organisation parlaient une langue bizarre qui ressemble à la tienne et avaient presque tous une apparence jeune. Cette hypothèse conforte aussi la thèse que les cahiers que j'avais trouvés avaient bien été écrits par la même personne.
- C'est quoi cette histoire d'organisation et de cahiers ?
J'explique de nouveau brièvement mon aventure terrestre à Pénoplée, ma vie, le bracelet, ma course à travers le monde, les cahiers, à chaque fois j'essaie d'être un peu plus complet, car bien souvent les fois précédentes je butais sur des termes de vocabulaire et la conversation dérivait... Elle réfléchit un instant et casse ma belle théorie, ou peut-être consulte-t-elle son bracelet, les gens adoptent toujours cette attitude dans laquelle il est impossible de savoir s'ils réfléchissent où s'ils naviguent sur leur super internet. C'est un peu la même chose pour eux, mais je trouve qu'il y a quand même une différence entre leur réponse propre et celle qu'ils trouvent en demandant aux artificiels :
- Mais il y a un truc qui ne colle pas. Les hommes de l'Au-delà ne sont partis d'ici il n'y a que mille quatre cents ans environ.
Je comprends mon erreur et fais la moue, je suis d'autant plus bête que j'étais déjà arrivé à cette conclusion en réfléchissant tout seul sur le sujet.
- Aaah oui... C'est vrai tu as raison. Tu crois que des artificiels auraient pu inventer et laisser assez de fausses traces pour faire croire à une histoire de plusieurs milliers d'années ? Ou qu'en arrivant les hommes de l'Au-Delà ont voulu délibéremment laisser ses traces pour nous faire croire que nous étions originaires de notre monde ?
- Les artificiels en sont capables, ça ne pose pas de problèmes particuliers, ils sont capables d'à peu près n'importe