l'habitude d'assimiler, de comprendre, de réfléchir. Personnellement je trouvais que d'apprendre par coeur les commandes de mes appareils, les procédures, leurs caractères, leurs façons de réagir, les trajectoires dans les champs d'astéroïdes et les tactiques et stratégies en combat étaient largement suffisants pour faire travailler mon cerveau sans que j'ai encore besoin de savoir que c'est Guerroïk qui nous a libéré des reptiliens ou Gandal qui a mis au point le principe du téléporteur, et qu'il a mystérieusement disparu quelques années plus tard, d'ailleurs, sûrement avalé dans l'une de ses propres inventions...
L'éducation des enfants, dans la Congrégation, étaient très strictement contrôlée. Tout devait théoriquement être fait pour s'adapter au mieux à leur niveau, leur capacité d'apprendre, leur intérêt, leur envie. Je me plaignais beaucoup mais je crois que le système fonctionnait tout de même pas trop mal, et c'était somme toute pas complètement dément de ne pas vouloir me laisser faire uniquement du pilotage. Et puis, même si je m'en moquais un peu, j'apprenais quand même énormément de choses à l'école ; beaucoup plus, en tout état de cause, que je ne le prétendais en jugeant toutes ces matières intéressantes ; elles l'étaient plus, il faut bien le reconnaître, dans mon esprit rebelle qu'autre chose.
Toutes ces règles n'étaient pas propre à mon école ni même à Ève, tous les enfants de la Congrégation y étaient soumis. Pendant longtemps Ève était restée indépendante, avec ses propres règles, ses propres lois, mais cette époque était tellement loin. Maintenant nous étions tous sous la bienveillante administration du Congrès, dirigé par le non moins bienveillant, mais malheureusement pour lui de moins en moins aimé et admiré, Teegoosh, qui, depuis presque quatre cent ans, avait marqué tous les habitants de la Congrégation par le retour du travail obligatoire pour tous.
Je ne comprenais pas vraiment que l'on puisse obliger les gens à travailler alors que tous ces robots pouvaient très bien faire tout à notre place et nous laisser tranquilles nous amuser et voyager toute notre vie. Papa se plaignait toujours de ce Teegoosh, que la seule chose qui l'intéressait c'était de toujours avancer, toujours découvrir de nouvelles choses alors que nous avions déjà tout ce dont on pouvait rêver, qu'il n'était qu'un égoïste ou un fou. Je n'ai jamais trop su ce que pensait ma mère de sa politique, je crois
qu'elle aimait son travail, mais qu'elle comprenait que certains puissent préférer ne rien faire.