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Sarah se réveilla et fit comprendre à son nounours et son tigre, ses deux artificiels de compagnie, qu'elle voulait rejoindre ses parents. Chacun la sermonna dans une langue propre qu'ils dormaient encore et qu'ils valaient mieux attendre. Mais Sarah n'en avait fit, elle voulait aller les voir ! Elle galopait désormais à quatre pattes à un point qu'ils devaient souvent la contraindre de rester calme quelques instants pour se reposer et les écouter. Mais les deux petits artificiels, encore presqu'une fois et demi plus grand qu'elle, étaient rarement contre faire quelques bêtises avec elle. Une fois proche du cocon, elle se dressa sur ses deux jambes et frappa à le plat de ses mains pour qu'ils lui ouvrissent. Le cocon s'entrouvrit et elle tendit les bras pour que son papa l'aide à venir se blottir entre eux. Sarah alors entreprit de réciter les cinq mots qu'elle connaissait.

- Elle mélange les trois langages qu'elle entends, ne serait-il pas préférable que nous utilisions des artificiels qui parlent comme nous ?

- Ne vous en faîtes pas, Teegoosh, après tout c'était vous le grand défenseur des artificiels d'apprentissage.

- Oui, je ne reviens pas dessus, mais je me demande s'il ne vaut mieux pas attendre qu'elle maîtrise correctement une langue avant de lui en inculquer plusieurs.

- Au contraire ! Son esprit est capable de prouesse à cet âge, elle mettra peut-être un peu plus longtemps à démêler les trois langues, mais elle n'en sortira que plus dégourdie. N'était-ce pas votre cas ?

- Si, mais je ne me rappelle pas que mes parents fussent inquiets par un retard d'élocution.

- Nous nous inquièterons pour ses un an, qu'en pensez-vous ?

- Oui, vous avez raison.

- Serez-vous encore là ?

- Je prends goût à votre rythme de vie, nos petites sorties le matin, nos discussions... Vous prendre dans mes bras...

- Ne vous leurrez pas trop non plus, ce n'est pas réellement ma vie. J'ai moi aussi beaucoup d'occupation en temps normal, rappelez-vous nos difficultés pour nous voir auparavant.

- Certes, mais je pense qu'il faut avoir un peu goûter à tout pour comprendre les gens, pour comprendre leur aspiration, pour comprendre qu'il n'est pas nécessaire de toujours monter plus haut pour être heureux.

- Heureuse de vous l'entendre dire.

Sarah sentit l'odeur du sein de Mélinawahasa, et comme appris par sa maman, elle le montra du doigt. Mélinawahasa se rapprocha et se pencha sur le côté, Sarah prit délicatement le sein et commença à téter, elle savait que si elle allait trop vite elle pourrait en être privée. Elle n'écouta plus les mots des grands, et la voix grave de son papa ne devint qu'un fond sonore, mais elle l'aimait toujours autant.

- Avez-vous des nouvelles de vos amis sur Ève ?

- Très peu, je ne garde le contact presqu'avec Gyras, pour tous les autres je suis en retrait sans durée déterminée.

- Quelle raison leur avez-vous donné ?

- Que je voulait prendre du recul pour mieux définir ce que je voulais faire.

- Avez-vous parlé de votre fille à quelqu'un ?

- Non. Pensez-vous que nous devrons la garder cachée.

- Cachée, non, notre relation, et encore plus notre fille,