Elle a un gros soupir.
- D'accord, OK... Tu veux juste conquérir en fait c'est ça ? Tu t'en fous que des gens puissent t'aimer ou vouloir être avec toi... Moi je t'aimais juste, c'est vrai, je suis pas superwoman... Mais après tout je ne sais pas trop ce que j'espérais... Peut-être que... Je pensais que... Et puis mince... C'est tant pis pour moi... T'as raison, je pourrai pas rester avec quelqu'un qui voudrait toujours plus... Mais c'est des mecs comme ça après qui tu cours, ou qui te courent après... Je sais pas ce que tu veux en fait, je te comprends pas... Et puis je m'en fous, c'est plus mon problème...
Ses sanglots ont redoublé d'intensité, mais elle me repousse quand je veux la réconforter et part en courant vers la cabane. Je reste quelques instants là, ne sachant trop où se trouve la réalité, ce que je n'ai pas dit et ce que je n'aurais pas dû dire... Je m'assois un instant. Dix minutes plus tard Erik vient me voir.
- Qu'est ce qu'il s'est passé avec Naoma ?
J'hésite à répondre. Je ne sais pas vraiment quoi dire, de plus.
- Je crois que... Je crois qu'elle a juste compris que je n'étais pas tout à fait comme elle pensait...
Erik s'assoit à côté de moi, il regarde au loin.
- À ce propos... Est-ce que... Je crois que... Je m'attache un peu à elle.
- Elle m'a dit oui... C'est super, c'est vrai. C'est bien non ?...
Je ne sais pas trop quoi dire d'autre.
- Ça ne te dérange pas si, enfin... Si on se rapproche ?
- Pas du tout, je trouve ça très bien, au contraire. Naoma a besoin de quelqu'un, mais pas de moi, surtout pas de moi.
Erik est gêné.
- C'est con à dire, mais je crois que je l'aime.
Je lui mets la main sur l'épaule.
- C'est pas con Erik, c'est pas con...
Il se relève.
- Tu veux que je te laisse un peu seul ? Il ne faudrait pas trop tarder à partir.
- Oui, cinq minutes et j'arrive.
Peut-être dix minutes en fait. Je ne sais pas vraiment si nous avons une bonne image de nous. Je ne sais pas si quand nous croyons être quelque chose nous le sommes vraiment, ou nous le voulons juste. Je ne sais pas si Naoma avait raison. Un peu sans doute... Peut-être que je me cours après... Ah Deborah, tu me manques, ou je sais pas, je ne sais même pas qui me manque, personne peut-être...
Quand je les rejoins tout est déjà prêt, et je n'ai qu'à endosser le simili de sac à dos fait de peau de bête et de cordes. Nous ne traînons pas et abandonnons sans grandes pompes notre petite maison. Nous avons chacun une partie des haches, lances, cordes, ainsi que de quoi boire et manger pour quelques jours. Notre objectif est de marcher le plus possible pour être rapidement fixés sur la présence ou non d'un village plus au nord. D'autant plus rapidement que l'ambiance n'est pas des plus joviale, Naoma ne m'adressant plus la parole, et Erik pris entre deux feux ne sachant pas trop s'il est en partie responsable ou pas.
Nous marchons plusieurs heures, notre marche est facilitée depuis que nous avons confectionné des sortes de sandales en peau, même si notre plante des pieds s'est depuis longtemps recouverte d'une dure couenne. Le soleil déclinant, les animaux commencent à se manifester, et il nous faudra bientôt partir en chasse. Naoma s'écrit :
- Un léopard !
Erik s'arrête et scrute les environs :
- Où ça ?