- Ah oui mes jambes sont encore toutes douces, c'est génial !
- C'est surtout très bizarre...
Erik ne semble pas plus étonné que ça :
- Oui, boah ben ce n'est qu'un mystère de plus, nous ne sommes plus à ça près...
Je crois que nous sommes trop fatigués pour vraiment réaliser combien ce phénomène est anormal. Naoma se blottit contre moi et nous nous endormons tous les trois en quelques secondes. Quelques hululements nous réveillent un peu plus tard, et nous levons le camp sans trop tarder. L'idée de marcher de nuit, si elle est bonne, n'en est pas moins que faiblement lumineuse, et nous progressons à une vitesse d'escargot dans un noir quasi complet. Naoma ne lâche pas mon bras, inquiète à chaque murmure de la nuit. Nous accueillons avec bonheur les lumières matinales qui nous redonnent courage pour encore quelques heures de marche. Et c'est enfin épuisés que nous sélectionnons un grand arbuste couvert de fruits pour abriter notre sommeil. Naoma toujours blottie contre moi, je m'endors en quelques secondes.
C'est bien la pluie qui me réveille, après un somme sans doute de cinq ou six heures. Erik est déjà debout, Naoma dort encore, toujours sur moi. Je me retire doucement et je rejoins Erik.
- Tu es debout depuis longtemps ?
- Je ne me suis pas rendormi après leur passage.
- Ils sont revenus ? Fichtre, j'ai rien entendu !
- Tu as de la chance, ils ont tourné un bon moment. Mais tu avais raison, ils ne sont pas restés au-dessus de nous, et passaient et allaient, sans doute nous cherchaient-ils mais ne nous ont-ils pas repérés directement. Je vais aller chasser le petit-déj, tu restes près de Naoma ?
- Si tu veux je peux y aller moi.
- Non c'est bon.
Naoma se réveille un peu plus tard, Erik n'est pas encore revenu.
- Erik n'est pas là ?
- Il est allé chassé, il va revenir.
- Tu les as entendu ? Ils ont tourné un bon moment.
- Non Erik m'a dit mais je n'ai rien entendu. Ça va toi ?
- Ben, je crois, enfin, je ne sais pas trop. Je crois que je suis contente d'être là avec toi, perdue je ne sais pas où, c'est un peu un fantasme de jeune fille de se retrouver avec un prince charmant dans un pays inconnu pourchassée par des méchants. Peut-être que l'histoire aurait été mieux si Erik n'était pas là, enfin, tu comprends...
- Erik est un mec bien, Naoma, et s'il y a un prince charmant entre nous d'eux c'est sans hésitation lui.
- Je crois qu'il ne m'aime pas trop.
- Oh je ne dirais pas une chose pareille, je pense plutôt qu'il est un peu jaloux que tu restes si près de moi.
Mais Erik arrive justement à ce moment là :
- Ne vous inquiétez pas ! Je ne vous aime ni l'un, ni l'autre ! Petit-déj !
Erik nous surprend et jette à terre deux rongeurs aux longues oreilles, des sortes de lapins sans doute. Nous ne tentons même pas de faire du feu, et ce déjeuner avalé, nous partons sous la pluie. La barre rocheuse ne doit sans doute plus être très loin si nous avançons, comme je le pense, d'une quinzaine ou une vingtaine de kilomètres par jours. Nous marchons jusqu'à la nuit tombée, et répétons le même programme que la veille, quelques heures de sommeil, puis nous repartons pour une lente progression nocturne.
La pente se fait progressivement sentir, et la forêt laisse place à une modeste végétation sur les flans de la montagne, poussant